L’épidémie de Covid-19 a entraîné l’arrêt temporaire de nombreuses entreprises. Qu’en est-il du terminal méthanier Dunkerque LNG ?

Les activités du terminal méthanier de Dunkerque LNG sont stratégiques : elles garantissent l’approvisionnement en gaz d’une partie de la France et de la Belgique. Nous n’avions donc pas d’autre option que d’assurer la poursuite du service tout en garantissant la santé et la sécurité de nos collaborateurs. Nous avons commencé à anticiper les problématiques avant même l’annonce du confinement en mettant en œuvre un Plan de Continuité de notre Activité pour protéger les équipes. Dès le 5 avril, nous avons mis en place un fonctionnement spécifique et adapté aux personnes du service Conduite, avec deux équipes de douze heures, ceci permettant de réduire les contacts entre les salariés. Nous avons également commandé tous les équipements nécessaires pour respecter les gestes barrières : masques, gel hydroalcoolique et gants. Ceci dans le but de les mettre à disposition de toutes les personnes qui travaillent sur le site. À ce jour, nous ne déplorons aucun cas de contamination au Covid-19 parmi nos effectifs.

Nous nous sommes concentrés sur nos activités prioritaires, à savoir l’arrivée des méthaniers transportant le GNL, leurs déchargements et le stockage. Au total, nous avons reçu 19 navires sur les mois d’avril et de mai, ce qui est conforme à nos prévisions et au volume d’activité du terminal sur la même période en 2019. Nous avons même atteint le 12 mai un record historique d’émission énergétique à 496 GWh sur une journée, soit quasi l’émission maximale que peut assurer le terminal. En parallèle, nous avons optimisé la maintenance afin de la concentrer sur les interventions les plus pertinentes. Nous veillons également à assurer la sécurité réglementaire et la surveillance requise pour un site SEVESO seuil haut.

Tous les collaborateurs ont su se montrer réactifs et s’adapter aux nouvelles contraintes. Ceux qui viennent travailler sur le terminal se sont appropriés rapidement les nouvelles consignes et les appliquent avec rigueur. Nous avons revu certains modes opératoires liés aux activités d’exploitation, en particulier celui des Loading Master (cadre responsable des opérations de déchargement) en partenariat avec les commandants des navires. Pour éviter les contacts des personnes à bord, de nouveaux protocoles de communication à distance ont été mis en œuvre pour la première fois. C’est une belle prouesse sans impact sur la sécurité des opérations ni sur la durée du déchargement. Également, l’équipe informatique a réussi dans un temps record à supporter et équiper une trentaine de salariés pour mettre en place du télétravail. Cette organisation s’est révélée très efficace jusqu’à la réintégration totale des effectifs sur le site début juin.

Vous avez abordé les activités prioritaires du terminal de Dunkerque. Est-ce que les grands projets se poursuivent dans ce contexte de crise sanitaire ?

Nous n’avons pas suspendu nos grands projets de nouvelles installations et de modifications de l’existant, mais nous avons aménagé leurs calendriers. Les tests et les essais de performance de la station d’avitaillement de camions-citernes se sont terminés avec succès. Nous entamons maintenant la mise en service commerciale de cette nouvelle prestation. Le projet d’aménagement de la jetée permettant d’accueillir des navires avitailleurs se poursuit également. Nous devons maintenant installer « les défenses » qui permettront à ces bateaux de plus faibles tonnages d’accoster. Cette intervention, prévue pour durer une semaine, impose qu’il n’y ait pas de rotation de navires : nous la programmons donc en juin, lors de l’arrêt pour maintenance du terminal. Grâce à une forte anticipation, à une gestion rigoureuse et à un engagement sans faille des équipes, la crise Covid-19 n’aura eu aucun impact majeur sur notre site. Le terminal méthanier de Dunkerque et ses 80 salariés ont prouvé leurs capacités d’adaptation dans un contexte de crise inédite.

Connaissez-vous le crapaud calamite ou la salicorne ? Ce batracien et cette plante halophyte comestible protégés sont très présents sur le terminal. On peut aussi y observer des phoques, des marsouins, des oiseaux marins, des reptiles ainsi qu’une grande variété de plantes. Une richesse à préserver. « Depuis l’origine du projet, Dunkerque LNG a à cœur de maintenir un haut niveau d’exigence environnementale » explique Clément Malherbe, ingénieur HSE chez Dunkerque LNG.  « Cet engagement passe, notamment, par la valorisation écologique des espaces non bâtis du site, impliquant la restauration active ou passive de pelouses dunaires et la colonisation par la flore et la faune. »

Dès la phase de construction, Dunkerque LNG a noué un partenariat durable avec le Centre Permanent d’Initiatives Pour l’Environnement (CPIE) Flandre maritime, une association qui œuvre pour la sensibilisation de tous à l’environnement et accompagne dans leurs actions les territoires comme les entreprises. Un important travail d’inventaire des espèces a été mené avant le démarrage des travaux de construction. « Grâce au diagnostic écologique initial et à notre connaissance du territoire, nous avons établi des fiches biodiversité, diffusées dans les lettres d’information » raconte Guillaume Schodet, Chargé de mission biodiversité au CPIE. Une bonne façon d’apprendre au personnel présent sur site à connaître ces animaux et ces plantes. » Les équipes du CPIE proposent également des ateliers dans le cadre des journées santé, sécurité et environnement. « Nous proposons aux salariés et à leurs familles des ateliers de construction de nichoirs et d’hôtels à insectes, des visites guidées de la plage. Ainsi, chaque année, les salariés découvrent leur site sous un autre angle. »

Adrien Bellanger occupe le poste de Chargé Planification et Analyses Maintenance au terminal méthanier de Dunkerque depuis le 1er février 2020. Il nous confie son parcours professionnel, son ressenti sur son arrivée chez Gaz-Opale et sa passion pour son métier.

« J’occupe le poste de Chargé Planification et Analyses Maintenance au terminal. Mon métier consiste à gérer le programme de maintenance du site et ses aspects règlementaires, ainsi qu’à faciliter les opérations préventives ou correctives mobilisant différents corps de métier.

J’ai toujours aimé les machines, la technique, comprendre le fonctionnement de ce qui m’entoure. Après un DUT de Génie Mécanique, j’ai quitté le Nord où j’ai grandi pour suivre une licence professionnelle de maintenance aéronautique, puis un master de gestion de projets et d’opérations aériennes à Toulouse. J’ai travaillé sur les chaînes de production Airbus, sur l’A380 puis sur l’A350 où j’assurais des inspections qualité et des pilotages de projet. Fin 2017, je suis revenu dans le Nord pour concevoir et mettre en place une chaîne d’assemblage chez Ingersoll Rand, à Lille. Lorsque je me suis intéressé au terminal méthanier, j’ai immédiatement eu envie de rejoindre l’aventure. Un nouveau site industriel qui combine de multiples métiers techniques, tout en s’appuyant sur des équipes à taille humaine. Pour l’intégrer, j’étais prêt à occuper un poste différent de mon cursus et de mes expériences passées. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler aux Achats, en tant que rédacteur de contrats. J’y ai appris énormément sur la gestion de prestations. En juillet 2019, je suis revenu à mon sujet de prédilection en intégrant l’équipe Projet pour mettre en place l’organisation de la nouvelle station de chargement de camions-citernes.

Le Covid-19, un challenge supplémentaire

Depuis le 1er février 2020, je suis donc Chargé Planification et Analyses Maintenance pour Gaz Opale. J’adore mon métier car, il ne compte aucune routine. Je dois gérer en permanence des imprévus, les journées passent toujours très vite. J’apprécie aussi le contact constant avec les équipes et le terrain. Ce poste est un beau challenge pour lequel je dois être à la hauteur, d’autant que je prends la suite de Stéphane Canteloup, une vraie pointure dans son domaine. La crise sanitaire du Covid-19 a encore complexifié mon travail, apportant un challenge supplémentaire. Le programme de maintenance annuel représente une importante charge de travail pour les équipes. Avec une nouvelle organisation engendrée par le Covid-19, il est nécessaire de faire des choix en permanence sur ce qui est ou non prioritaire en maintenant le service du terminal et son respect règlementaire. Ce travail est complexe mais exaltant. »

« Le terminal méthanier de Dunkerque a été très actif sur les quatre premiers mois de 2020. Le taux de regazéification a atteint une moyenne de 40 % avec un chiffre proche de 60 % pour le mois d’avril. Nous sommes montés en puissance au fil des mois. Presque tous nos créneaux clients ont été utilisés durant le mois d’avril. En comparant les quatre premiers mois de 2020 à la même période en 2019, nous avons quasiment réussi à maintenir notre activité dans une période contrainte, qui inclut l’épidémie de Covid-19. Néanmoins, cette crise génère des variations importantes sur les marchés. La consommation d’énergie a énormément chuté avec une réduction notable de la production industrielle dans le monde entier, ce qui impacte négativement les prix de l’énergie. Par exemple, le prix du gaz sur les hubs européens s’établissait autour de 5 à 6 euros le mégawattheure pendant le mois d’avril. Ces chiffres sont en-dessous des coûts marginaux de liquéfaction. En conséquence, une réduction du nombre de cargos GNL est attendue, suite à des annulations prévues aux États-Unis et au Qatar dans les mois à venir. Ceci pourra affecter le nombre de cargos accostant en Europe.

Un appel d’offres pour de nouveaux prospects

Le terminal méthanier de Dunkerque va devoir s’adapter à cette nouvelle donne. Une adaptation qui ne nous fait pas peur ! Nous avons initié en début d’année un appel d’offres permettant à de nouveaux clients potentiels de réserver des capacités existantes (3,5 bcm) de regazéification à partir de 2021. Une vingtaine de prospects se sont positionnés sur la première phase de qualification, nous poursuivons des discussions approfondies avec neuf d’entre eux, des discussions qui devraient se finaliser mi-juillet. Cet appel d’offres est d’ores et déjà très positif, parce qu’il nous a donné la possibilité de générer une visibilité accrue de Dunkerque LNG et de ses services vers des clients potentiels, avec lesquels nous pourrons travailler sur des ventes long terme ou court terme.

La station de chargement de camions-citernes, 2 000 créneaux disponibles

Évidemment, nous continuons de travailler notre développement en proposant de nouveaux services de GNL à petite échelle. Bien que le retard de la livraison du navire Honfleur à Brittany Ferries a un impact sur le début des opérations commerciales avec Total Marine Fuels, nous avons annoncé le 1er juin, le début de la commercialisation de la station de chargement de camions-citernes vers le marché. Cette mise en service commerciale nous permettra d’élargir notre clientèle grâce à la vente de près de 2 000 créneaux non-pourvus.

Une jetée aménagée… ou deux jetées ?

Nous poursuivons également notre projet d’aménagement de la jetée afin d’accueillir des petits navires avitailleurs et envisageons même, si l’intérêt devait se confirmer par des contrats de long terme, la construction d’une seconde jetée pour l’horizon 2024/2025.

Grâce à tous ces projets, Dunkerque LNG renforce son positionnement international et attirera de nouveaux clients. Il est également important de noter que notre gestion de la crise sanitaire Covid-19 ainsi que la stabilité et la flexibilité de nos opérations prouvent notre capacité à satisfaire nos clients, y compris dans un contexte troublé. »